Rencontre avec les robots (et les humains) de l'INSA Rouen

En plein essor, la robotique est un domaine qui fascine, émerveille, et questionne. La Fête de la science est l'occasion de questionner, justement, les créateurs derrière les créatures. Aujourd'hui, rencontre avec Corentin Potron, Thibault Bonneaud et Nicolas François, tous trois membres de l'Association Robotique de l'INSA Rouen (ARI).

Quel cursus suivez-vous à l'INSA Rouen ? Comment votre activité au sein de l'association le complète-t-elle ?

Thibault : J'ai pu faire profiter à l'association de mes compétences en CAO (Conception Assistée par Ordinateur), c'est-à-dire créer des pièces sur logiciel dans le but de les imprimer en 3D. Ayant appris la CAO en spécialité Mécanique, j'ai alors pu, notamment lors de la Coupe de France de Robotique, créer quelques pièces pour le robot.

À l'inverse, grâce à l'association, j'ai pu enrichir mes connaissances en robotique, électronique et informatique. Même si mes compétences dans ces domaines sont minimes par rapport à certains qui sont spécialisés, ma "culture électronique" s'est enrichie, me permettant tout simplement de comprendre ce dont parlait les autres autour de moi quand ils parlaient d'électronique (ce à quoi je ne comprenais rien avant).

Corentin : À l'INSA je suis le cursus ASI (Architecture des Systèmes d'Information).

Il s'agit grossièrement de la maîtrise d'un système d'information dans sa globalité : récupération de l'information par différentes interfaces reliées au monde réel ou non (saisie par le clavier, capteurs, ...), traitement de cette information par des algorithmes et restitution du résultat (interface homme machine essentiellement).

Il y a donc une dominante informatique très importante mais aussi de l'électronique, du traitement de signal, de la science des données... Mon cursus à l'INSA s'inscrit parfaitement dans cette thématique car un robot est un système d'information à part entière : il reçoit des informations de ses capteurs et de son plan de route, traite ces informations pour prendre la bonne décision et restitue cette decision en action mécanique, essentiellement.

Nicolas : Je suis actuellement en Architecture des Systèmes d'Information, spécialité "science des données et machine learning". Pour moi l'ARI est plus un hobby qu'un moyen d'augmenter mes compétences. J'apprends néanmoins énormément au contact d'autres disciplines (électricité, mécanique). Le fait d’obtenir un objet palpable est également très satisfaisant pour moi.

Comment fonctionne l'association ?

Corentin : L'association se réunit chaque semaine. On a un professeur référent de l'INSA, Fabrice Delamare, qui est trésorier de l'asso' et nous aide surtout en électronique.

L'ARI fonctionne sur la base d'un objectif commun qui est défini dès septembre puisqu'il s'agit de la Coupe de France de Robotique (CFR).

Elle a lieu chaque année au printemps. On participe également à la Fête de la science et à des événements en interne, à l'INSA. Des robots moins complexes que pour la CFR peuvent donc être créés pour ces occasions.

Pour le Noël des enfants du personnel de l'INSA, l'année dernière, on avait mis en place des robots télécommandés par téléphone et les enfants s'amusaient à faire suivre un petit parcours au robot.

C'était d'ailleurs assez convivial et les enfants ont tous adoré, on le refera cette année.

Thibault : Le "vrai travail" ne commence qu'à partir du moment où le règlement officiel et définitif de la Coupe de France de Robotique a été établi.

Au niveau de la répartition des tâches, il faut savoir qu'aucune compétence n'est requise pour être actif dans l'association. Certains s'occupent ainsi de monter la table sur laquelle nous effectuerons les tests de notre robot - tâche ne demandant aucune compétence mais extrêmement importante. Et si certains veulent s'occuper de quelque chose dont ils ne maîtrisent pas vraiment le domaine, d'autres sont là pour partager leur savoir et leur expérience.

Tout le monde peut s'impliquer comme il le veut, dans le domaine de son choix. Aucune présence n'est obligatoire, c'est à dire que tout le monde peut venir ou non selon ses disponibilités.

Dans la spécialité Mécanique de l'INSA, on a aussi un petit cours de robotique dans lequel on conçoit un robot par groupe de 3 ou 4. Normalement, ces robots sont démontés en fin d'année afin que le matériel soit réutilisé l'année suivante mais cette année, j'ai veillé à ce que quelques robots soient préservés afin de les montrer lors de la Fête de la science. 

Par exemple, j'ai pu sauver quelques "robots-sumos" (dont le mien) qui pourront faire des combats sur arène pendant la Fête de la science.

Un mot sur vos participations et préparations à la Coupe de France de Robotique ?

Thibault : Même si nos résultats ne sont pas toujours parmi les meilleurs, la plus grande satisfaction se trouve dans la participation même à un si grand événement, au sein duquel persiste une atmosphère d'entraide et de générosité. Même si les galères sont très très très nombreuses, c'est tout de même un plaisir d'essayer de les résoudre.

Il ne faut surtout pas abandonner, jamais.

Corentin : C'est un évènement qui ne dort jamais : les stands sont ouverts nuit et jour et toutes les équipes travaillent sur leurs robots, peu importe l'horaire, c'est une ambiance motivante et on retrouve beaucoup de jeunes de notre âge.

Quand et comment vous est venue cette passion pour la robotique ?

Thibault : Je n'étais pas forcément passionné par la robotique au départ, mais c'était tout de même un milieu méconnu pour moi, auquel je m'intéressais.

C'est Nicolas, qui faisait déjà partie de l'association, qui m'en a parlé et qui m'a proposé de les rejoindre. Je suis venu, ça m'a plu et j'y suis resté. Ça m'a tellement plu que j'y suis retourné cette année, et je ne pense pas quitter cette association.

Corentin : Pour ma part, cette passion a toujours été un peu présente.

Quand j'étais petit j'adorais déjà les livres de science ou de technique où on voyait comment tous les objets du quotidien étaient conçus.

Je suis aussi un fervent adpete de la philosophie DIY (Do It Yourself) donc la construction de robots m'intéresse pas mal. Et finalement, le côté challenge est motivant surtout dans le cadre de la Coupe de France de Robotique. Trouver des solutions fonctionnelles à partir d'un problème donné est aussi toujours enrichissant.

Nicolas : J'ai une passion pour les robots depuis l'enfance, et c'est entre autres ce qui m'a poussé vers l’ingénierie (même si au final je ne me suis pas spécialisé dans la robotique). J'aime beaucoup le DIY car je trouve qu'on apprend énormément en créant.

Qu'est-ce qui vous intéresse le plus, individuellement, dans le processus de création d'un robot ?

Thibault : J'aime beaucoup faire de la CAO, donc en faire pour le robot me plaît aussi.

Sinon, j'aime aussi trouver des solutions aux problèmes de type "comment allons-nous faire pour que le robot fasse telle ou telle action".

Corentin : Dans le processus de création d'un robot, ce qui est le plus intéressant est lorsque l'on raccorde tous les petits modules entre eux et que l'on teste la machine dans son ensemble. On se rend vraiment compte alors de ce que l'on a fait et c'est satisfaisant.

Nicolas : Ma partie préférée reste la conception. J'adore imaginer, tester des solutions et finalement trouver comment nous réaliserons les actions lors des matches à la Coupe de Robotique.

Selon vous, à quoi doivent servir les robots ?

Thibault : Pour moi, un robot est censé remplir une fonction qui dispense l'Homme d'effectuer certaines tâches ou au moins l'aider. Le robot peut aussi servir de divertissement.

Je sais que certains ne sont pas d'accord, mais je ne vois pas d'inconvénient à ce que les robots puissent améliorer les choses et être meilleurs que l'Homme.

Bien évidemment, il est nécessaire qu'un robot respecte les célèbres "3 lois de la robotique".

Corentin : À quoi doivent servir les robots ?

À divertir et à impressionner. Selon moi le jour où un robot perd son côté attractif, ce côté qui amène n'importe qui à être impressionné ou du moins fasciné en le voyant agir, c'est que le robot n'est plus vraiment un robot dans le sens où il perd son côté "futuriste". Les robots suscitent dans l'esprit de tout le monde un côté un peu "science fiction", une prouesse technique...

À rendre service, aussi. Un robot doit également savoir se rendre utile dans notre vie quotidienne : par exemple, les robots chargés de récupérer les colis dans les entrepôts et donc faciliter les tâches humaines.

Quels sont selon vous les axes de développement prioritaires dans l'évolution des robots ?

Thibault : Je ne pense pas qu'il faille se focaliser sur un "axe prioritaire" dans un domaine si vaste que la robotique. On peut absolument tout faire dans ce domaine si on a les bonnes idées, alors pourquoi se focaliser sur un seul axe prioritaire ?

Nicolas : Selon moi, l'un des freins actuellement est le manque de communication entre les disciplines, qui ont beaucoup à apprendre les unes des autres.

Corentin : Les axes de développement prioritaires sont clairement l'intelligence et la capacité de calcul. Actuellement on maîtrise très bien le côté mécanique d'un robot mais le côté informatique fait encore l'objet de nombreuses recherches. Il est très compliqué à ce jour d'embarquer dans un robot une puissance de calcul suffisante pour réaliser des tâches complexes, comme l'analyse en temps réel de l'environnement, ou ce qui a trait à l'intelligence artificielle.

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