Le parcours d'Emmanuelle
Après un BAC scientifique, Emmanuelle a passé deux années en classe préparatoire ECS (économique et commerciale, option scientifique).
Elle a ensuite intégré HEC Paris où elle a passé les quatre années suivantes, rythmées par un échange universitaire à Hong Kong, et deux périodes de césure dans le cadre de son cursus, dont l'une au cours de laquelle elle a monté son premier projet entrepreneurial, un tour de France à la rencontre des producteurs alimentaires d’exception en France, raconté dans un podcast.
Elle a finalement terminé son cursus par une année de master en entrepreneuriat où elle a rencontré Quentin, son associé sur le projet Gynger.
L'interview d'Emmanuelle
Pouvez-vous expliquer le principe de Gynger ? Quelles sont les problématiques rencontrées par les femmes atteintes d'endométriose ?
Gynger coordonne le parcours de soin des personnes atteintes d’endométriose, soit celui de plus d’une femme sur dix dans le monde !
L’endométriose est une maladie gynécologique chronique qui cause une multitude de symptômes tels que :
- les douleurs menstruelles,
- la fatigue chronique,
- les troubles digestifs,
- et dans certains cas, l’infertilité.
On dit qu’il y a autant d’endométriose que de femmes atteintes car pour chacune de ces personnes, un certain nombre de symptômes s’expriment, chacun ayant une intensité et une fréquence qui lui sont propres. Or, la recherche est encore récente pour cette pathologie et il n’existe pour l’instant aucun traitement curatif.
Après près de 200 interviews de patientes, notre constat est que l’un des problèmes majeurs dans le parcours de soin des patientes est l’errance médicale.
Cette phase de recherche de solution commence dès les premiers symptômes et dure en moyenne 7 ans avant qu’un diagnostic soit posé. Mais le parcours ne s’arrête pas là, la phase d’errance post-diagnostic est propre aux patientes atteintes d’endométriose.
Même une fois diagnostiquées, les femmes que nous avons interrogées ont passé plusieurs années à trouver le bon professionnel de santé pour les accompagner et un traitement efficace pour soulager leurs symptômes.
Comment Gynger peut aider ces personnes ?
Offerte par les mutuelles à leurs adhérents, Gynger est une application mobile qui accompagne les personnes atteintes d’endométriose dans le suivi, la compréhension et la communication de leur maladie.
Concrètement, nous proposons aux patientes une application de suivi de symptômes et de messagerie directe avec des experts de l’endométriose.
Ainsi, Gynger vise à réduire l’errance médicale des patientes atteintes d’endométriose, et à terme, nous avons l'ambition d'adresser l’errance médicale de toutes les personnes atteintes d’une maladie chronique gynécologique, soit en moyenne, 1 femme sur 3.
Comment est née l’idée ? Aviez-vous déjà une sensibilité particulière au sujet de l’endométriose et plus généralement de la santé des femmes ?
Quentin, mon associé, est pharmacien et je suis passionnée par la FemTech. Nous nous sommes rencontrés dans un master en entrepreneuriat et nous avons rapidement commencé à creuser les sujets autour de la santé des femmes. Nous sommes rapidement arrivés sur le sujet de l’endométriose, cette maladie chronique gynécologique qui touche plus de 10 % des femmes.
De mon côté, j’ai été surprise de constater mon manque de connaissance lorsque que deux amies proches m'ont expliqué être touchées et avoir gardé sous silence leur douloureux parcours d’errance médicale. Quentin, lui, connaissait bien cette maladie et sa partenaire, Laura, en a été diagnostiquée en septembre dernier.
Dès les premiers témoignages de patientes que nous avons reçus, nous nous sommes pris de passion pour cet enjeu de santé publique, convaincus que ce n’était pas un combat que seules les personnes atteintes devaient mener.
Nous nous sommes alors formés sur le sujet en multipliant les échanges avec les patientes, thérapeutes et médecins spécialisés, les représentants d’associations, les centres experts et entrepreneurs du secteur qui étaient tous très enthousiastes à l’idée de soutenir notre initiative.
Comment voyez-vous votre rôle, votre positionnement, entre les professionnels de santé et les associations comme Endofrance ?
Notre volonté est d’améliorer l’orientation des patientes dans leur parcours de soin, afin de réduire leur errance.
Dans cette optique, nous avons choisi de travailler dès le début main dans la main avec les associations et les professionnels de santé.
Les associations ont partagé notre initiative à leurs communautés de patientes, ce qui a été un soutien très fort dès le début. En retour, nous partageons leurs événements et espérons faire grandir ensemble nos communautés. Un exemple est notre participation à l’ENDOrun avec un jeu concours que nous avons réalisé pour faire gagner des places à l’événement !
Quant aux professionnels de santé, une dizaine de spécialistes nous ont accompagnés dans la construction de notre questionnaire de suivi de symptômes. Ayant l’intérêt des patientes à cœur, ils y voient également un outil pertinent pour personnaliser davantage le soin. La messagerie est également un outil construit pour élargir l’accès aux spécialistes à un maximum de patientes tout en respectant leurs contraintes horaires, déjà bien saturées.
Que vous a apporté le statut national étudiant-entrepreneur ?
Ce statut me donne accès à un mentorat très pertinent pour Gynger, qui me pousse à réfléchir à l’optimisation technique et économique de mon modèle. Il me donne aussi l’opportunité d’appartenir à une communauté d’étudiants-entrepreneurs très dynamique.
Est-ce que c’est une expérience que vous recommanderiez ? Des conseils à donner aux étudiants qui voudraient se lancer dans un projet entrepreneurial ?
Oui, je pense que l’un des premiers enseignements que je tire de l’entrepreneuriat est de s’entourer.
Que ce soit de mentors, d’entrepreneurs ou d’experts, ce sont tous ces échanges qui font grandir la réflexion et qui nous poussent à l’action. On a l'opportunité d’obtenir un soutien public qui facilite le fait de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, c’est une chance ! De manière « pratico-pratique », le statut me fait également bénéficier de locaux, ce qui n’est pas négligeable pour une période aussi intense.
En termes de conseils, je répéterais cette idée de s’entourer largement, et en particulier de s’associer pour partager les moments forts et difficiles qui arrivent.
Également, il faut oser et passer à l’action ! Nous avons tardé à créer notre première communauté de patiente. Pourtant, dès que nous l’avons fait nous avons beaucoup appris sur leurs besoins, mieux compris leurs attentes et beaucoup progressé sur notre proposition de valeur.
Un autre exemple est la répartition des rôles au sein de l’équipe. Je ne souhaitais pas être PDG par manque de légitimité et peur des responsabilités que ce rôle engendrait. Après une longue discussion sur les besoins du projet et un encouragement sincère et fort de Quentin, j’ai fini par me lancer, et pour l’instant, tout se passe bien !
Où retrouver Gynger sur le web ?
L'entrepreneuriat étudiant
Si vous avez une idée, même embryonnaire, que vous trouvez innovante, qui vous tient à cœur, et que vous souhaitez monter un projet pour la développer, l'entrepreneuriat étudiant est sûrement fait pour vous ! Il s'agit d'un accompagnement, d'un statut étudiant spécifique et même d'un diplôme dédié, qui vous permettent de tester votre idée en toute sécurité.