LEMONSEA, l'asso' qui se presse le citron pour les océans

Créée par un groupe d’étudiants passionnés par la protection de l’environnement, LEMONSEA sensibilise à l'acidification des océans, à travers des outils de médiation innovants comme Acid Impact, un serious game présenté lors de la Fête de la science.

Alice Lapijover, Monica Lafon, Théo Buisson, Elia Barjolles et Fanny Voix suivent un cursus Sciences pour l'environnement (SPE) à l'Université de La Rochelle, en master ou en doctorat, en parallèle à leur investissement au sein de LEMONSEA.

Comment et pourquoi est née l'association LEMONSEA ?

Alice : Avec Monica, nous nous sommes rencontrées en master à Sciences Po. Nous étions toutes les deux passionnées par les océans et leur préservation mais également intéressées par les questions environnementales au sens large. Nous avons créé LEMONSEA pour faire le lien entre les océans et les enjeux climatiques en nous focalisant sur l’acidification des océans.

Ce phénomène est souvent appelé "la face cachée du changement climatique" car peu médiatique et difficile à vulgariser.

Monica : En 3 ans, nous avons constitué une équipe internationale de jeunes, motivés pour relever un challenge : rendre la problématique de l'acidification des océans accessible grâce à des infographies, des articles, des ateliers, des expériences... 

Pouvez-vous résumer la problématique de l'acidification des océans ?

Théo : La combustion, ainsi que beaucoup d’activités anthropiques* émettent du CO². Les océans vont absorber 25% de ces émissions de CO² émises par l’Homme. Par réaction chimique, les océans vont voir leur pH diminuer. C’est pour cela que l’on parle d’acidification.

*NDR : Est anthropique ce qui relève de l'action humaine

Elia : L’acidification des océans a diverses répercussions sur l’environnement. Par exemple, le blanchissement des coraux, la disparition d’espèces et, ainsi, la perturbation de la chaîne alimentaire, et les impacts sur le paysage : les côtes du littoral en roches calcaires vont se dissoudre car l'érosion est plus rapide. De plus, certaines espèces ont de plus en plus de difficultés à se forger une coquille, ce qui les rend vulnérables face aux prédateurs.

© LEMONSEA

LEMONSEA met à disposition différents outils pédagogiques, quels sont-ils ? 

Elia : Nous avons plusieurs types d’outils pédagogiques. Le cahier de vacances, qui regroupe des jeux, des expériences à réaliser chez soi, des chansons, des origamis sur le thème de l’acidification des océans. Le kit du petit scientifique, qui permet d’expliquer ce qu’est le phénomène de l’acidification des océans avec des méthodes scientifiques, dont la mesure de pH.

© LEMONSEA

Sans oublier notre jeu de société Acid Impact, avec lequel nous nous déplaçons, par exemple dans les établissements scolaires, muséums et aquariums. Il permet de rassembler environ 25 à 30 personnes, soit une classe, et de les faire interagir autour de ce thème par la mise en situation. Nous avons également un triporteur avec lequel nous nous déplaçons à La Rochelle avec des animations courtes et ludiques pour expliquer le processus et l’origine de l’acidification des océans ainsi que son impact sur l’environnement.

Théo : On réfléchit sans cesse à de nouvelles infographies et affiches pour rendre accessible cette notion. C’est un vrai travail de vulgarisation que nous mettons en place, pour que chacun puisse appréhender les enjeux environnementaux et se les approprier.

Parlons davantage d'Acid Impact, le projet que vous avez présenté pour la Fête de la science...

Fanny : C'est un jeu de sensibilisation des collègiens et des lycéens, qui permet de réfléchir au rôle de chaque acteur dans l'acidification des océans, et aux causes de celle-ci : les activités émettrices de CO².

Théo : Nous intervenons dans les établissements scolaires avec un format de 3 heures. La première partie consiste à présenter ce qu’est l’acidification des océans, les enjeux qui se cachent derrière cette notion et donner un maximum de clés aux élèves pour accompagner leurs réflexions.

Ensuite les élèves se divisent en 4 groupes. Chaque groupe a devant lui un plateau de jeu représentant une île avec des caractéristiques très précises (plutôt urbaine, montagneuse, touristique, etc.). Les joueurs doivent dans un premier temps décrire leur île avec tout ce que cela implique : les caractéristiques physiques et paysagères, les infrastructures qui gèrent la viabilité sur l’île, d’où vient l’énergie, le transport etc. Une fois cette description faite, ils déterminent les différents acteurs qui sont présents pour gérer la ville : acteurs publics, privés, associations, population, etc.

Un rapporteur présente ensuite devant tout le monde les spécificités de son île. Par la suite, ils doivent déterminer des actions qui vont être positives et limiter le phénomène d’acidification, et déterminer la temporalité à laquelle aura lieu l’effet. Par exemple : l’Etat subventionne la recherche pour favoriser un procédé qui va limiter les émissions de CO². Seules les îles qui auront justifié la présence d’une université et de chercheurs sur leurs îles seront concernées. Les résultats ne seront pas effectif l’année suivante. Ils vont également réfléchir à des impacts qui auront une répercussion négative.

L'objectif pour tous est d'arriver en 2050 en ayant le moins d'acidité sur l'île.

Mais attention, l’acidification des océans ne doit pas se concentrer sur une seule île. Il faut donc que personne ne perde, car ce qui se passe sur un territoire concerne tous les autres. Il y a plein d’autres surprises dans ce jeu, mais le mieux est encore d’y jouer.

  • Consulter la présentation d'Acid Impact

En-dehors de la Fête de la science, quelles autres actions de médiation organisez-vous ?

Elia : Les actions réalisées lors de la Fête de la science sont proposées tout au long de l’année à des écoles, collèges, lycées, maison de quartiers, centres sociaux, bars alternatifs...

Le cahier de vacances ainsi que le kit du petit scientifique sont distribués au public, ce qui permet de créer un lien entre les jeunes sensibilisés et leur famille. Nous produisons également des infographies et des vidéos expliquant le phénomène d’acidification, ses origines et les solutions possibles dans le but de les diffuser sur les réseaux sociaux, par exemple.

Ce travail est réalisé grâce à la veille scientifique que nous effectuons quotidiennement et que nous vulgarisons afin d’en faciliter l’accès à tout type de public.

Nous organisons également des débats permettant aux participants d’identifier des actions concrètes à mettre en œuvre dans leur quotidien. Tout cela vise à faire comprendre aux citoyens l’impact du CO² sur l’eau, et ainsi engager une réflexion commune sur des solutions possibles. Nous organisons aussi des défis citoyens sur les réseaux sociaux.

© LEMONSEA

L'acidification des océans est une problématique globale : avec quels acteurs l'asso' interagit-elle pour accompagner et sensibiliser ? Y a-t-il également des actions et/ou des analyses qui se jouent au niveau local (France, régions...)

Théo : LEMONSEA est composée en partie d’étudiants, qui dynamisent le territoire avec des actions concrètes, comme les différentes activités présentées préalablement. Mais LEMONSEA, c’est également un comité scientifique international qui nous fait confiance et nous informe des avancées sur le sujet.

Nous développons également en parallèle des liens avec des ambassadeurs juniors qui nous représentent dans leurs pays et font de l'acidification des océans un sujet porté par des jeunes.

© LEMONSEA

Bien évidemment, nous sommes membres d’autres structures comme la plateforme Océans-Climat ou le REFEDD. Il est important de ne pas mener les actions dans notre coin et de partager les expériences et les supports. Nous sommes toujours à la recherche de partenariats à tous les niveaux. C’est un problème global qui concerne à mon sens tout le monde. Toutes les initiatives sont à prendre en compte.

Nous misons beaucoup sur l'éveil des consciences et le changement des habitudes.

Question plus personnelle : depuis quand vous intéressez-vous à ce sujet ?

Elia : J’ai toujours eu un attrait particulier pour l’environnement et la nature, ce qui explique d’ailleurs le choix de mon parcours universitaire. L’acidification des océans, étant un sujet très peu abordé, a attisé ma curiosité, surtout que cette problématique est l’un des soucis majeurs des prochaines années !

Fanny : Mes études universitaires ont toujours été axées sur les océans. J'avais déjà entendu parler de leur acidification, avant de rencontrer Alice, mais en discutant avec elle, j'ai pris conscience que la problématique était peu connue. Elle est pourtant majeure, notamment pour les îles coralliennes, puisque les coraux sont faits de calcaire : c'est une menace de plus pour ces petits Etats. J'ai donc décidé de m'investir dans son projet.

Récif corallien © Wikipedia

Théo : J’ai plutôt un parcours de management. Ce qui m’a donc attiré c’est tout d’abord cette envie de fédérer autour d’une idée, d’un enjeu fort qui nous concerne tous. Je me rends compte que des sujets comme les déforestations, les espèces menacées d’extinctions sont des sujets que les gens connaissent. Je me suis donc fait le pari que tout le monde connaisse l’acidification des océans et se sente concerné. J’essaie de le faire de façon ludique et bienveillante, de transmettre mon idéal et pousser la réflexion sur le changement.

Quelles missions peut accomplir un étudiant s'il souhaite rejoindre l'association ?

Elia : Il n’y a pas de mission particulière pour rejoindre LEMONSEA. Il faut tout de même avoir une sensibilité environnementale et être motivé !

Tout le monde peut trouver sa place et apporter ses connaissances et son savoir-faire !

Théo : Le mieux que puisse faire un étudiant qui souhaite nous rejoindre, c’est d'être dynamique, souriant, d'avoir des idées et être prêt à s’investir. On réalisera toutes les idées à condition de les rapporter à la problématique.

J'aimerais bien recruter des étudiants en théâtre et en musique pour ouvrir les horizons et apporter une touche artistique et culturelle pour sensibiliser. C'est très libre !

Quels sont les projets de LEMONSEA à plus ou moins long terme ?

Elia : Nous souhaitons produire le jeu Acid Impact en format familial et durable afin de le distribuer dans les collèges, lycées, centres de formation, centres sociaux, maisons de quartiers... Il nous semble également important de continuer d’élargir notre réseau afin d’être au courant des dernières recherches rapidement et de les diffuser un maximum. Et trouver d’autres étudiants motivés pour nous accompagner et diffuser notre message. 

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