Des chaussettes qui réchauffent les pieds, pas le climat

Les chaussettes recyclées, par Estampille

Estampille, c'est l'ambition d'un étudiant-entrepreneur qui souhaite réduire l'impact environnemental de l'industrie textile, à travers des chaussettes 100% recyclées !

Interview publiée dans le cadre du Mois de l'ESS

Pouvez-vous faire un point sur votre parcours et nous dire ce qui vous a mené à lancer ce projet ?

 

Je m'appelle Alexandre Lucas et j'ai 23 ans. Après mon bac S j'ai fait un DUT génie mécanique et productique, puis je suis parti dix mois à Londres pour développer mon anglais. Ensuite, j'ai fait une licence pro en anglais à Annecy dans la conception des produits sportifs liés au textile. C'est là que j'ai vraiment découvert que l'industrie textile polluait mais je ne savais pas vraiment pourquoi et c'est grâce à cette formation que j'ai compris. J'ai aussi découvert des alternatives, notamment la production en France ou l'utilisation de matières moins nocives pour l'environnement, avec des matières recyclées comme le lin ou le chanvre.

Après cette formation j'ai fait un stage de six mois en Allemagne, en tant que développeur produits chez Adidas. J'ai pu être en échange avec les designers, ceux qui dessinaient le produit, les personnes du marketing qui venaient fixer les prix, les tendances et j'étais en relation avec des usines plutôt en Asie ou en Turquie pour développer les produits. À la suite de cette première expérience professionnelle, je suis un peu resté sur ma fin et me suis senti bridé par l'entreprise car j'étais stagiaire et être salarié, du moins dans l'entreprise dans laquelle j'étais, c'était vraiment cadré. On n'avait plus ou moins aucune liberté et ça me gênait un petit peu.

C'est durant ma formation à Annecy que j'ai exprimé l'idée de créer une marque de chaussettes fabriquées en France à partir de matières recyclées et mes amis ont vraiment accroché. Au final, un jour j'ai reçu un mail de PÉPITE* expliquant que si on était jeune diplômé ou étudiant on pouvait intégrer PÉPITE pour essayer de monter le projet. J'ai donc postulé pour voir si le projet était viable et un an après je suis en train de me lancer.

*Réseau national des étudiants-entrepreneurs

Qu'est-ce qui vous a marqué pendant vos stages ou vos études ?

 

Plusieurs choses, principalement dans ma formation. Les profs mettaient en avant les conditions de travail des ouvriers ou la quantité hebdomadaire utilisée pour le coton. Je dirais aussi que c'est le reportage The true cost sur Netflix, qui explique vraiment l'envers du décor de la fast fashion, qui m'a vraiment marqué.

Je connais des personnes qui, après avoir regardé ce reportage, ont mis du temps avant d'acheter de nouveaux vêtements. C'est vraiment la mise en avant des conditions de travail et l'impact de l'industrie textile qui a provoqué le déclic.

Comment ça marche, Estampille, pour le client et pour vous ?

Il y a d'abord le recyclage de la matière qui est effectué en Espagne. Le coton recyclé provient de chutes de production d'anciens vêtements broyés, pour être amené à l'état de fibres. Ces fibres sont transformées en fil. Pour la durabilité du fil on rajoute du polyester recyclé qui provient de bouteilles en plastiques.

© Estampille

On obtient un fil de bonne qualité, durable et 100% recyclé.  

Une fois le fil traité, les chaussettes sont envoyées dans des locaux à Rennes et livrées chez les clients. Concernant les clients, ils peuvent précommander les chaussettes sur la plateforme KissKissBankBank. Par la suite, ils pourront suivre les aventures d'Estampille sur Instagram, facebook et le site internet.

Pourquoi vous ne récupérez pas des matières recyclées en France ?

 

Ce n'est qu'en septembre 2019 que j'ai découvert qu'une entreprise française recyclait le coton alors qu'au début du projet, il n'y en avait pas. Avec mon partenaire espagnol, j'obtiens un fil recyclé à 100%, tandis que l'entreprise française en question ne le recycle qu'à 70%.

© Estampille

 

Il faut savoir qu'il y a des avantages et des inconvénients dans les deux cas.Ce sera un choix à faire dans un second temps. Prendre des matières premières espagnoles c'est toujours mieux que d'aller les chercher au Bangladesh ou au Brésil. Mais effectivement, du 100% français, ça serait le top.

Pourquoi pas dans l'avenir !

Pourquoi avez-vous orienté votre projet vers une démarche ESS ?

C'est meilleur pour l'avenir, quel que soit l'impact, quelle que soit la solution. Je pensais faire des chaussettes parce que je voulais réduire l'impact négatif pour la planète et j'ai fait ce choix pour essayer, à mon échelle, de créer des alternatives et des solutions pour un monde meilleur.

Je fais vraiment partie de cette génération qui veut plus ou moins agir pour un monde meilleur.

Vos futurs clients seront-ils au courant de cette démarche responsable ?

 

Je l'espère, car l'idée c'est d'être le plus transparent possible et c'est l'un des avantages pour la marque, même si pour l'instant je n'ai pas pensé à la manière dont j'allais la mettre en avant. Je pense que cette démarche peut toucher une certaine cible, mais pas seulement.

Qu'est-ce que vous a apporté l'entrepreneuriat étudiant ?

 

Le plus gros avantage de PÉPITE c'est sa gratuité. Ça m'a permis de commencer à me faire un réseau avec des personnes qui veulent se lancer, mais aussi à croire en mon projet. Il fallait transformer ce qui n'était au départ qu'une blague entre amis, en un vrai projet. Il a fallu le défendre avec des arguments pertinents. J'ai également dû prendre confiance en moi pour interagir avec des professionnels et apprendre à en parler. Au début je le gardais juste pour moi, de peur que quelqu'un me pique l'idée, mais au final j'ai compris qu'il fallait en parler pour se créer un réseau et commencer à se faire une clientèle. Je m'en suis rendu compte tout seul, même si PÉPITE me l'a aussi expliqué. Il faut vraiment partager et préciser la démarche pour avoir des retours.

Vous vous voyez travailler comment dans cinq ans ?

 

Je me disais, il n'y a pas longtemps, que je n'étais pas fait pour gérer une entreprise mais plutôt pour trouver des idées. L'idéal serait d'avoir une entreprise, d'en vivre et aider à travers celle-ci soit des personnes, soit l'environnement.

© Estampille | Les emballages sont également conçus dans une démarche éco-responsable.

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