Pour la Fête de la science, on a posé quelques questions aux Neuronautes, l'association étudiante en neurosciences d'Aix-Marseille Université (AMU).
Quels types d'actions, de médiation notamment, organisez-vous tout au long de l'année ?
Charles : Nous avons le plaisir d'organiser de nombreux événements : un téléthon à la suite duquel nous reversons nos recettes à la recherche, des conférences grand public sur des thèmes variés, où nous invitons doctorants, enseignants-chercheurs et chercheurs.
Jordan : Sans oublier des soirées dans des bars avec des activités et des soirées de débat sur des thèmes de neurosciences.
Justine : On appelle ces moments des « neurotalks ». Ce sont des débats autour d'un thème, l'expérimentation animale par exemple.
Nathalie : Les conférences ont pour but d'expliquer les neurosciences au plus grand nombre, du grand public à l'étudiant·e. Celles-ci peuvent être organisées dans le cadre d'événements nationaux comme la Semaine du Cerveau.
Amarine : Tous nos événements scientifiques sont gratuits.
Comment expliquer à un public profane ce que sont les neurosciences et à quoi elles sont utiles ?
Charles : Un·e kinésithérapeute ou un·e ostéopathe étudie le fonctionnement du corps, ses articulations, ses insertions musculaires, etc. Leur but est d'améliorer les conditions de vie de leurs patients. Les neuroscientifiques étudient le fonctionnement du cerveau, du système nerveux, des comportements associés, etc. Leur objectif est de répondre à des questions que l'on se pose sur le cerveau. Sans les recherches effectuées sur le coma et les niveaux de conscience, nous n'aurions aucun moyen de distinguer des personnes en mort cérébrale de personnes dans un coma profond, par exemple.
Jordan : Pour que le public comprenne bien ce domaine scientifique compliqué, nous essayons au maximum de vulgariser les thèmes étudiés. Pour cela nous demandons à nos intervenants d'être à la fois clairs et concis mais aussi précis que possible !
Nathalie : Les neurosciences correspondent aux sciences du cerveau et du système nerveux en général. Leur étude va du fonctionnement des neurones à l'émergence de comportements. Les neurosciences permettent d'appréhender des fonctions comme la motricité, l'attention, la mémoire... Elles nous permettent de comprendre le fonctionnement physiologique du cerveau, mais également les pathologies qui lui sont associées. Leur étude est notamment un moyen de trouver des traitements à ces pathologies.
Amarine : Les neurosciences sont encore mystérieuses. Elles expliquent le fonctionnement du corps humain, l'interaction d'un individu avec son environnement, elles pourraient expliquer presque tout du vivant. Elles sont utiles car elles aident l'individu à se poser des questions sur lui et son fonctionnement.
@neuronautes conférences au top 👌👌
— emdancinglion (@_dancing_lion) 20 mars 2018
Les neurosciences contribuent-elles notamment à mieux cerner les mécanismes d'apprentissage ?
Jordan : Bien sûr ! En étudiant les mécanismes neuronaux à l'œuvre dans l'apprentissage, comme la mémorisation, nous pouvons établir des moyens de compensation et de rééducation convenables pour les déficits mnésiques observés chez les patients.
Charles : Les écoles du 19e siècle sont encore très proches des écoles du 21e. Les neurosciences ont révélé une grande variabilité de mécanismes d'apprentissage et contribuent à construire l'école de demain. L'un des mécanismes essentiels, c'est l'attention. Maintenir l'attention de manière prolongée se révèle assez difficile, alors que nos petits frères ou petites sœurs peuvent passer de nombreuses heures sur un jeu vidéo.
Nathalie : L'étude des mécanismes d'apprentissage est aujourd'hui une partie importante du monde neuroscientifique. Comprendre de quelle manière notre cerveau stocke les informations, et comment ces informations perdurent, c'est essentiel pour développer de nouvelles stratégies d'apprentissage.
Amarine : Les neurosciences pourraient aider à améliorer notre quotidien, en essayant d'être plus performants, de mieux comprendre comment fonctionnent le corps humain et le système nerveux. En comprenant, nous pourrions sûrement évoluer et améliorer nos capacités. © Neuronautes
Faites-vous de la pédagogie auprès des autres étudiants pour les aider à « mieux » apprendre ?
Jordan :
Amarine : Nous apprenons aux étudiants à comprendre et être curieux. Nous aimerions d'ailleurs mettre en place un tutorat entre différents niveaux (licence, master, doctorat).
Charles : Nous avons mis en place un système de parrain/marraine l'année dernière pour les étudiants de cette filière et nous les accueillons tous les midis en leur donnant des conseils. Ils peuvent également poser leurs questions sur le forum de notre site internet neuronautes.org.
superbe soirée avec de super etudiants @neuronautes merci pour le @Telethon_MRS @Telethon_France pic.twitter.com/CTfZFY8ATA
— Myologie (@Myologie_Trans) 7 décembre 2017
Quels sont selon vous les champs les plus prometteurs des neurosciences ?
Charles : Tous, hahaha ! Ça dépend de ce qu'on appelle « prometteurs ». Mais si on considère que ce sera bénéfique pour la société, on pourrait parler des études sur la mémoire et l'attention.
Jordan : Pour moi, les champs les plus prometteurs restent les neurosciences cellulaires : elles sont à la base de tout (oui je suis un cellulariste pur et dur !). En comprenant les mécanismes cellulaires et moléculaires, nous pouvons mieux comprendre le domaine cognitif/humain.
Nathalie : Beaucoup de champs me paraissent prometteurs, c'est le cas de l'étude des maladies neurodégénératives, qui touchent beaucoup notre société. La recherche en neurosciences est un moyen de pouvoir les voir un jour disparaître. Et bien évidemment, tout ce qui touche à l'intelligence artificielle se développe de plus en plus dans notre société toujours plus technologique.
Justine :
D'un côté, ça règle la question éthique (l'expérimentation animale ne sera plus utilisée si nous avons des modèles de souris modélisés sur l'ordinateur). Et d'un autre côté, cela permettrait d'étudier le cerveau sous différents angles et d'aider les médecins dans leur diagnostic (un chirurgien qui doit opérer un patient épileptique pourra anticiper le devenir du patient s'il retire telle ou telle zone du cerveau).
Amarine : Les champs prometteurs sont les neurosciences de façon générale, car beaucoup de maladies viennent d'une défaillance du système nerveux. Pour la société, je pense que les enjeux actuels sont de soigner les maladies neurodégénératives et de développer les intelligences artificielles pour améliorer la survie et le confort de l'espèce humaine.
Voir cette publication sur InstagramIl est pas trop beau notre cerveau ?! 😜
Une publication partagée par Neuronautes (@neuronautes) le 10 Sept. 2017 à 7 :46 PDT
Au sujet de l'intelligence artificielle, travaillez-vous d'une façon ou d'une autre avec des étudiants en informatique/génie mécanique, etc ?
Charles : L'association, non. Mais c'est le projet !
Nathalie : Même si ce n'est pas le cas à ce jour, c'est une collaboration envisageable et intéressante, à l'image de bien d'autres.
En quoi consiste la mise en relation que vous facilitez entre AMU, labos, entreprises et étudiants ?
Jordan : Cela permet à chacun d'obtenir des contacts qui peuvent l'intéresser, professionnellement ou scolairement parlant.
Nathalie : C'est la volonté de créer un réseau et de mettre tous les acteurs régionaux des neurosciences en relation. En étant étudiant en neurosciences, il est essentiel d'avoir un pied dans la recherche et donc d'être en relation avec la recherche publique et les laboratoires, mais également avec le monde de l'entreprise qui sollicite de plus en plus de compétences neuroscientifiques.
Amarine : Après chaque évènement, nous proposons aux étudiants de rencontrer les intervenants qui sont pour la majorité des chercheurs. Ils peuvent leur parler, leur poser des questions et donc créer des liens avec eux et les laboratoires.
Question plus personnelle : qu'est-ce qui vous a donné envie, à chacune et chacun, d'explorer les neurosciences ?
Charles : Beaucoup de choses. Je voulais avoir des bases solides sur le fonctionnement du cerveau. Je voulais aussi travailler sur quelque chose qui me plaît et qui nous touche tous directement.
Jordan : Personnellement, ça a commencé dès mon plus jeune âge, quand mon arrière-grand-mère est décédée (RIP) de la maladie d'Alzheimer. Cela m'avait titillé l'esprit... Jordan étant petit : « Mais maman, on peut mourir d'une maladie du cerveau ? ». Ensuite, grâce à mes études en psychologie, j'ai pu explorer davantage le psychisme humain, d'un point de vue scientifique, surtout. Et BOUM, me voilà en neurosciences afin de pouvoir explorer l'esprit humain et ainsi pouvoir sauver des gens :)
Nathalie : C'est justement l'exploration ! Il reste tant de choses à découvrir sur le cerveau.
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Justine : J'ai toujours été fascinée par le cerveau en général, savoir comment il fonctionnait, comment les informations de notre environnement étaient traitées, etc. À la base, je voulais aller en médecine mais je me suis vite rendu compte que ce que j'aimais, c'était la recherche dans un laboratoire, permettre à la science d'avancer en faisant des découvertes scientifiques !
Amarine :
Des anecdotes à partager ? Des rencontres marquantes, des moments particuliers au sein de l'asso' ?
Nathalie : Toutes les rencontres que nous avons pu faire sont enrichissantes. L'association nous a d'abord permis de rencontrer des étudiants d'horizons divers, mais également des chercheurs et des médecins aux compétences incroyables.
Amarine : Être dans une association, c'est quelque chose de fort, d'enrichissant, à tous points de vue. Les rencontres sont inoubliables, on acquiert de l'expérience dans l'organisation, l'administration, on se fait des contacts, etc. On devient plus autonome et on apprend à travailler en équipe et se répartir les tâches.
Quels sont les projets de l'association pour cette année ?
Jordan : Continuer à partager les connaissances pour nos étudiants et le grand public, en leur proposant des événements variés comme nous avons pu le faire jusqu'à présent. On aimerait aussi participer à la Semaine du Cerveau, au Téléthon, mais surtout participer à un événement national : NeuroFrance, qui aura lieu à Marseille en mai prochain.
Nathalie : On va bientôt passer la main à un nouveau bureau, qui continuera à mener à bien de nombreux projets, le principal étant de continuer à faire grandir l'asso' tout en transmettant la passion des neurosciences. Il ne fait aucun doute que l'année sera encore riche en évènements !
Justine : Le but principal de nos projets reste le même que celui de l'année dernière : promouvoir les neurosciences auprès du grand public ! Nous espérons pouvoir leur proposer des conférences toutes aussi intéressantes que l'année dernière.
Plus d'informations sur Neuronautes
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